livre auto biographique et conférences sur le burn-out et le harcèlement
VIA FERRATA ROSELAND 4072015

les médecins face au burn-out

La Haute Autorité de santé émet de nouvelles recommandations pour mieux repérer les travailleurs en souffrance.

«Sujet à débat et à controverse, le syndrome d’épuisement professionnel peut avoir des conséquences graves sur la vie des personnes et nécessite une prise en charge médicale.» C’est ainsi que la Haute Autorité de santé (HAS) explique la publication d’une «fiche mémo» destinée aux médecins pour les aider à repérer et à prendre en charge le burn-out.

Pragmatique, la HAS adopte une définition consensuelle: «Le syndrome d’épuisement professionnel, équivalent en français du terme anglais burn out, se traduit par un épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.»

L’année dernière, l’Académie de médecine avait avoué son impuissance à définir clairement ce qu’était le burn-out, mais, dans le même avis, les sages avaient surtout insisté pour que cette souffrance au travail soit mieux étudiée et prise en charge, maladie ou pas. Car si le syndrome n’est pas reconnu par les deux grandes classifications internationales des maladies mentales, la CIM de l’OMS et le DSM américain, il n’en répond pas moins à un ensemble de caractéristiques identifiables.

En rendant son avis, l’Académie de médecine avait aussi plaidé pour que le sujet ne soit pas confiné au ministère du Travail. Message reçu 5 sur 5 à l’époque par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui avait aussitôt saisi la HAS. Le résultat est donc la fiche mémo publiée ce 22 mai.

Manquer d’énergie pour accomplir son travail, avoir des problèmes de concentration, être facilement irritable, tout cela peut signer un épuisement émotionnel

Avec un focus intéressant axé sur l’accompagnement du retour au travail. Un moment toujours délicat après l’arrêt de travail de plusieurs semaines qui est généralement l’un des piliers de la prise en charge: «À cet effet, il est recommandé d’organiser une visite de préreprise avec le médecin du travail, à l’initiative du patient, du médecin traitant ou du médecin-conseil des organismes de Sécurité sociale, à tout moment pendant l’arrêt. Celle-ci peut être répétée.»

Avant d’en arriver là, il faut bien sûr repérer le travailleur en burn-out. Manquer d’énergie pour accomplir son travail, avoir des problèmes de concentration, manquer de «disponibilité» au travail, y être facilement irritable, tout cela peut signer un épuisement émotionnel. C’est d’ailleurs ce qui explique que le burn-out soit plus fréquent chez les soignants. La HAS insiste à juste titre sur cette population chez qui fut initialement identifié le burn-out.

«Les professionnels de santé en activité ou en formation sont exposés au risque d’épuisement professionnel, étant donné la pénibilité de leur travail, que ce soit pour des causes intrinsèques liées à la nature même de l’activité médicale (confrontation avec la souffrance et la mort, prises en charge impliquant l’entrée dans l’intimité des patients, etc.) ou des causes extrinsèques (charge et organisation du travail, etc.).»

Difficile d’agir sur les causes intrinsèques, mais il est dommage que les pouvoirs publics n’aient toujours pas entrepris un programme d’action sur les causes extrinsèques. Il est vrai que les ministres de la Santé qui se succèdent avenue Duquesne ont une grille de lecture essentiellement budgétaire qui laisse peu de place à l’humain.

«La santé des salariés ne s’externalise pas, c’est d’abord l’affaire des managers»

Muriel Pénicaud, ministre du Travail

En préambule de sa fiche pratique, la HAS signale que ses recommandations «se limitent au volet clinique du thème: l’action sur le milieu et l’organisation du travail est exclue du champ de ces recommandations. Elle est néanmoins indispensable dans une démarche de prévention du burn-out».

Il y a quelques semaines, le «rapport de la mission d’information relative au syndrome d’épuisement professionnel (ou burn-out)» présenté par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale pointait parmi les causes de «la multiplication des cas d’épuisement professionnel»,l’inquiétante dégradation des conditions de travail: «La démarche de compression des coûts de production devient une course sans fin, et la compétitivité le maître mot de toutes les politiques économiques, aux dépens des éléments constitutifs du travail.»

Toutefois, une initiative favorable à la santé mentale des travailleurs pourrait venir du premier gouvernement d’Emmanuel Macron. Agnès Buzyn, la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé, était il y a quelques jours encore à la tête de la HAS et a supervisé la recommandation qui vient de sortir. Quant à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, elle cosignait en 2010 un rapport remis au premier ministre qui rappelait que «la santé des salariés ne s’externalise pas, c’est d’abord l’affaire des managers».

La menace du burn-out planerait au-dessus de la tête de plus de 3 millions de salariés dans notre pays, il est plus que temps de prendre le problème à bras-le-corps.

 
 
 
Journaliste - Sa biographie

Date de dernière mise à jour : 27/06/2022

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Commentaires

  • nicolas
    Bonjour,
    Merci pour cet article très complet
    merci

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